L’alimentation cétogène, très pauvre en glucides et riche en matières grasses, change notre métabolisme énergétique par la production de corps cétoniques qui remplacent les sucres comme source d’énergie. L’impact de ce changement sur l’équilibre et la composition de notre microbiote intestinal n’avait jamais vraiment était étudié. Une étude récente vient de montrer que ce changement de microbiote modifie notre réponse immunitaire pour réduire les inflammations, ce qui pourrait expliquer les effets positifs de ce type d’alimentation sur plusieurs troubles chroniques.
Publié dans la revue Cells en avril dernier (1), les résultats de cette étude in vitro et in vivo sur l’être humain et la souris, montrent que l’alimentation cétogène modifie le microbiote intestinal d’une manière distincte des régimes alimentaires classiques ou des alimentations uniquement riches en graisses. Ces modifications changent notre réponse inflammatoire.
En utilisant des analyses métagénomiques et métabolomiques d’échantillons de selles pendant 8 semaines chez des patients hospitalisés, les chercheurs ont révélé des changements marqués dans la structure et le fonctionnement de la communauté microbienne intestinale avec une alimentation cétogène.
Les chercheurs ont ensuite reproduit ces expériences chez la souris en testant 3 types d’alimentations différentes : cétogène (très pauvres en glucides et riches en lipides), riche en graisses (alimentation classique mais avec des apports en matière grasses plus élevés) et alimentation classique suivant les recommandations nutritionnelles standards. Ils ont ainsi montré à nouveau ces changements dans la composition du microbiote intestinal avec une diminution reproductible des bifidobactéries. Les corps cétoniques, dans une alimentation cétogène, inhibent sélectivement la croissance des bifidobactéries ce qui a pour conséquence de réduire les niveaux de lymphocytes Th17 pro-inflammatoires dans l’intestin.
Les cellules Th17 seraient impliquées dans les maladies auto-immunes comme l’arthite rhumatoïde, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, la sclérose en plaques, ou encore le psoriasis (2,3). Des études ont également suggéré une possible implication des cellules Th17, du fait de leur rôle pro-inflammatoire, dans les micro-environnements tumoraux (4).
Pour terminer leur étude, les chercheurs ont finalement transplanté des microbiotes humains sous régime cétogène sur des souris exemptes de germes intestinaux. Là également ils ont observé une réduction des niveaux de lymphocytes Th17 pro-inflammatoires dans l’intestin.
Ces résultats montrent l’importance des dialogues chimiques entre nos différents systèmes dans l’organisme (microbiote, digestif, immunitaire, nerveux) pour moduler notre réponse immunitaire et cela en fonction de notre alimentation.
L’alimentation cétogène peut donc être un levier, à utiliser de manière complémentaire et encadrée par un professionnel de la nutrition, comme le naturopathe, dans l’accompagnement d’un certain nombre de troubles chroniques.
Dans le cadre de sa formation, le naturopathe apprend à utiliser tous les leviers de la nutrition et de la micro-nutrition et les avantages et inconvénients des différents types d’alimentations pour proposer un accompagnement nutritionnel personnalisé. L’alimentation est une des 3 techniques majeures du naturopathe avec la gestion du stress et l’activité physique.